Rapport moral
Assemblée générale ordinaire du 1
Mars 1997
Cette assemblée générale conclut un exercice qui fut pour notre association une période de restructuration, de mise en place d'une organisation prête à mener la bataille qui s'annonce.
Historique
En effet, après sa création
par nos quatre maires en septembre 1995, à l'annonce d'un projet
de zone spéciale, l'AVL3C a du adapter sa structure lors de son
assemblée générale du 24/2/96, les status d'alors révélant
certaines limites à l'action et à la mobilisation de notre
association. La réorganisation de l'AVL3C s'est poursuivie par
la recomposition du bureau, compliquée par la démission de son
Président Monsieur Vieuville. Malgré ces difficultés, le
nouveau bureau s'est attelé à la tache et a mené à bien et
avec efficacité les nombreuses démarches indispensables à la
vie de l'AVL3C: mise en règle de notre association avec la
législation en vigueur, gestion des comptes, informatisation de
notre secrétariat, ainsi que l'amélioration de nos statuts, une
des raisons de votre présence aujourd'hui. Celle ci était
nécessaire pour assurer la pérennité de notre association. Et
pour conclure, recueil et diffusion de toutes informations
permettant à notre association de devenir une véritable machine
de combat.
Toutes ces activités sont parfois invisibles à nos adhérents
mais ont demandé courage et opiniâtreté. Il ne faut pas
oublier non plus l'étude approfondie du dossier du ministère
qui a fait l'objet d'une diffusion en septembre dernier. Toutes
ces étapes nous ont permis d'être prêts à affronter les
prochains événements.
Enquête d'utilité publique
L'événement le plus déterminant va être l'enquête d'utilité publique. A l'origine de cette affaire, on en parlait pour février 1996. Plus tard, à cause de la conjoncture générale, et après l'abandon de la zone Epone-Mézières en mars 1996, nous avons pensé que le dossier dormirait jusqu'aux élections de 1998. Mais le 16/01 dernier, lors de leur rendez vous avec le Ministre de l'Industrie, Monsieur BOROTRA annonçait aux quatre maires l'ouverture de l'enquête pour le 15/02/97. Le ministère souhaite apparemment accélérer la procédure. Est ce le désir de verrouiller le dossier avant les élections ? En tout état de cause cette procédure est imminente.
Nous nous devons, VOUS VOUS devez de réagir:
L'enquête à venir devra bien
évidemment prendre en compte tous les paramètres liés au
projet de zone spéciale, ainsi que les différentes lois sur
l'eau, l'air le bruit, ou loi paysage. Une enquête d'utilité
publique, même si elle est une expression compliquée de la
démocratie étant donné son mode de mise en place et les heures
d'ouverture des permanences, est le moment le plus important pour
montrer votre opposition à ce projet, en vous déplaçant en
masse aux permanences qui seront organisées. Une enquête
publique est prévue pour que les habitants concernés
s'expriment sur le projet, pour que vous vous présentiez
nombreux afin d'exprimer vos avis et vos arguments. Il est
indispensable que vous vous y rendiez. Après l'enquête, il sera
trop tard. Nous ne pourrons plus revenir en arrière.
La réaction en chaîne d'opposition, le blocus qui en résultera
sont autant de moyens pour nous permettre d'aboutir au retrait
pur et simple du projet de zone spéciale. Car ne nous leurrons
pas, les discours rassurants et de circonstance (surtout à
l'horizon des prochaines législatives) auxquels nous avons
droits, les non prises de positions ne nous aideront pas. Comme
le dit l'adage : Aide toi le Ciel l'aidera : tous unis et
solidaires contre le projet et son abandon définitif.
Le soutien effectif d'associations telles que les Amis du Vexin Français, l'Union des amis du Parc Naturel Régional du Vexin, Les Amis de Brueil, ASTER de Mézières ou autres...celui du Sénateur LARCHER et de Madame LEPAGE, Ministre de l'Environnement, sont là pour nous conforter dans nos convictions et nous apporter des arguments supplémentaires à présenter lors de l'enquête.
Rôle du Parc
Parmi ces soutiens, nous comptons sur celui du Parc Régional du Vexin, dont la charte est en opposition avec un tel projet. Opposition que le Parc a réaffirmée lors de sa séance du 26/6/96, soulevant l'incompatibilité du projet de zone spéciale avec la charte, "les zones concernées n'ayant pas vocation à recevoir des carrières". Nous félicitons les 94 communes qui composent le PNRV pour leur solidarité devant le danger qui nous menace. Nous nous posons cependant des questions sur l'attitude de son président, Monsieur CLAUDEL, qui d'après ses propres déclarations, en particulier le 1er février, lors du séminaire organisé par l'Union des Amis du Parc à Théméricourt, semblerait plus soucieux de ménager ses relations et préoccupations politiques plutôt que de défendre efficacement l'intégrité du Parc Naturel. A quoi sert d'avoir travaillé pendant vingt ans pour le parc pour ne pas en respecter les principes ?
Nous comptons vraiment sur les 94 représentants des communes du Parc pour remettre les pendules à l'heure et leur renouvelons notre demande de solidarité. Celle-là même qui dans les années 80 a permis de faire abandonner le projet de couloir de lignes à Haute Tension qui devait traverser le Vexin et dont l'insanité a fini par être reconnue par l'administration et EDF elles-mêmes.
Environnement, Économie
Nous ne devons pas non plus nous laisser impressionner par les tentatives d'intoxication qui nous entourent. Intoxication tout d'abord de la part des partisans des lobbies cimentiers tendant à dire que la baisse de consommation, réelle, de ciment en France repousserait l'exploitation des carrières à des dates tellement éloignées que cela ne nous concernerait pas. Je ne crois pas que les générations futures verront d'un oeil différents du notre de telles perspectives. Intoxication encore, plus subtile cette fois, consistant à essayer de nous faire croire que la réhabilitation de carrière serait la panacée, un plus pour notre paysage. Il faut croire que nos interlocuteurs ne sont pas venus admirer ces réhabilitations. Ils auraient pu constater , comme nous l'avons déjà fait, que ces réhabilitations consistent en une mince couche de terre végétale recouvrant déchets ou autre remblais, impropre à toutes cultures ou présence d'arbre. Ils auraient pu voir, notamment à l'ancienne carrière des Blancs Soleils de Guitrancourt transformée en dépôt de déchets industriel, quels ruissellements nauséabonds coulent de cette zone par temps de pluie. Et que dire de la grande décharge de Guitrancourt, l'une des plus grandes d'Europe, installée dans les trous de la carrière des Ciments Français. Une fois le calcaire extrait de cette zone spéciale projetée, à quels déchets auront nous droit avant qu'ils ne soient recouverts par cette peau de chagrin de terre végétale qu'ils ont l'audace d'appeler réhabilitation.
Le chantage à l'emploi
Une autre intoxication, mais
ici plus grave car elle touche le point sensible en chacun de
nous dans ce contexte de marasme économique: le chantage à
l'emploi induit par la perte d'exploitation : Cet argument ne
doit pas servir de prétexte à faire tout et n'importe quoi,
n'importe comment. Le nombre d'emplois concernés est à mettre
en parallèle avec ceux qui seront perdus par le monde agricole
lors de leur perte d'exploitation des cultures : une exploitation
génère au moins cinq emplois. Nous ne savons que trop bien les
difficultés déjà rencontrées par nos agriculteurs. L'impact
économique s'en ressentira dans les villages eux-mêmes:
désertification par le départ de leurs habitants, fermeture de
nos écoles, baisse de la valeur immobilière, diminution du
personnel municipal etc ...
De plus, une modernisation de la cimenterie impliquerait elle
aussi, par l'accroissement souhaité de sa productivité, une
baisse sensible du nombre d'emplois requis. Face à cette mise en
balance, je serais curieuse de savoir ce que les cimentiers ont
pu dire aux habitants d'Origny Ste Benoîte, dans l'Aisne,
lorsque l'exploitation de ciments existante à du être fermée:
Là peu importaient les licenciements. Si Calcia a tant besoin de
calcaire, qu'il s'adresse à Origny qui sans problèmes sera
heureux de leur fournir les quantités nécessaires. Et si la
commune de Gargenville tient tant à ses cimentiers, que son
maire Monsieur SAMITIER, leur propose des terrains de sa
commune...
Nous sommes, bien sur, sensibles aux problèmes d'emploi, cependant n'ayons pas d'oeillères. Nous comprenons les réactions des syndicats, mais ceux-ci devraient se demander s'ils ne sont pas abusés par leur propre direction. Je m'explique : en 1996, lors de l'Assemblée Générale du groupe des Ciments Français auquel appartient Calcia, le Président, Monsieur Jean-René NANOT, reconnaissait que dans le contexte de surproduction et de récession actuelle, des fermetures d'usines de production de ciment seraient inéluctables. Comment expliquer que dans un tel contexte les dirigeant de Calcia aient choisi la pire des solutions ? Comment expliquer qu'ils s'obstinent à vouloir créer de nouvelles zones d'exploitation précisément dans un Parc Naturel, là où cette exploitation sera la plus chère, la plus polluante, la plus combattue, et de surcroît proche de zone à forte densité de population. Que cache une telle erreur stratégique ? Ne serait-ce pas pour faire porter à d'autres la responsabilité d'une éventuelle fermeture de l'usine de Gargenville et de leurrer ainsi le personnel et les Élus ?
Allons nous laisser saccager à tout jamais l'Ile de France pour sauvegarder les marges des propriétaires italiens des ciments Calcia ?
Responsabilité de l'administration
Et que dire de l'attitude de l'administration ? Des exemples récents et douloureux nous ont montrés avec quelle légèreté elle prend soin tant de notre santé que notre cadre de vie, lorsque des hobbies financiers la mettent sous pression et la manipulent.
Vous le comprenez, l'enjeu de cette bataille est énorme. L'enquête d'utilité publique va s'ouvrir. Même si cela vous est difficile, faites l'effort de vous déplacer au bureau de l'enquêteur. Dites à vos voisins d'en faire autant. Cette enquête nous concerne tous, habitants de Brueil, Fontenay, Guitrancourt ou Sailly, elle concerne aussi nos voisins des communes proches.
Faites savoir à vos proches et
à vos amis, adhérents ou non à l'AVL3C, les menaces qui nous
guettent.. Mobilisez vous, mobilisons nous, c'est notre
patrimoine qui est en jeu, notre terre et celle des générations
futures.
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