Les contraintes, nuisances et risques divers relevant du projet d'ouverture de carrières sur le territoire de nos communes.

1.Une ponction importante sur les territoires communaux pour une durée de 50ans

551 ha de terres cultivables et de zones boisées risque d'être soustraits de leur vocation originelle : l'agriculture, les espaces naturels, la chasse..., et ceci pour une durée de 50 ans !

C'est donc pratiquement 25% du territoire de l'ensemble des communes qui serait impacté !

2. Des chiffres peu clairs, incohérents et parfois contradictoires

La Note d'Introduction du dossier de la zone spéciale précise que seulement 3 à 4 ha seront exploités chaque année et que leur réhabilitation sera réalisée au fur et à mesure de l'avancement de l'exploitation; quelques lignes plus loin on lit aussi que "...plus de la moitié de la zone spéciale aura été effectivement exploitée à l'issue des cinq décennies".

Or:

Puisque désormais seul le secteur nord doit être pris en compte, soit quelques 551 ha cette hypothèse de rythme d'exploitation de 4 ha/an conduit à une durée d'exploitation de plus de 100 ans pour une extraction n'intervenant même (comme écrit dans le dossier) que "sur un peu plus que la moitié" de la surface du secteur (hypothèse qui conduit à 400 ha de surface "réellement utile").

Ce rythme de 3 à 4 ha par an est manifestement annoncé pour ne pas trop effrayer les municipalités concernées et les lecteurs du dossier. En effet, si l'on se fie à d'autres chiffres (tonnages de ciment annuellement produit, 50 ans d'exploitation) c'est de 6 ha/an au moins dont il s'agit sur cette même surface "utile de 400 ha. La surface permanente "nécessaire" de carrière opérationnelle étant elle de 35 ha.

Le front de taille annoncé dans le schéma directeur est de 400 à 500 mètres, la carrière "avancera" donc d'environ 120 mètres/an. Quant aux volumes remués, ils représenteront, vu la hauteur moyenne de taille de 40 mètres (pour une hauteur "utile" de 15 mètres), environ 2.200.000 mètres cubes. Cela représente quelques 200.000 trajets de camions entre la zone de taille et la zone de stockage des déblais ou la zone de concassage!

On a donc chercher à camoufler la réalité,

- d'une part avec des erreurs grossières que l'on a du mal à imaginer involontairement commises par des experts du Ministère,
- d'autre part, en limitant les explications données et en fournissant seulement quelques chiffres apparemment anodins!

3. Des études d'impact orientées, insuffisantes ou absentes

Qu'en est-il des critères retenus?

L'inventaire faune/flore, bien que faisant appel à une riche et copieuse documentation bibliographique, ne peut pas prétendre remplacer l'observation réalisée sur place.

Le cadre même du déroulement de l'étude de terrain est douteux: les zones localisées à biotope spécifiques (marais, tourbières ...) ont été mieux étudiés que les zones dites monotones (étendues à alternances agricoles et boisées).Pour ces dernières, une étude de terrain a été faite afin de pouvoir pratiquer un diagnostic global "objectif". Mais les observations de terrain, sous traitées à des stagiaires universitaires, ont été réalisées aux alentours du 20 juillet, une année où la météo n'était pas favorable (ces éléments figurent dans le dossier). De plus, c'est bien connu, l'été est une période plutôt défavorable pour mener à bien des études sur la faune et la flore de nos régions: les nidifications sont pratiquement terminées et la végétation, déjà dense, entre pour sa part dans ce que l'on appelle communément l'aoûtage.
Pour ce qui est des oiseaux, les espèces que l'on peut rencontrer dans le périmètre habité de nos villages (rouge-gorge, héron cendré, martin-pêcheur, chouette effraie,...) n'ont pas été citées!
En outre, la flore mycologique (champignons) n'a pas été prise en compte!

Tout ceci est très grave, car il ne s'agissait pas de rédiger un rapport à usage spécifiquement naturaliste, mais de présenter un document devant figurer dans le dossier afin de différencier les secteurs les uns des autres en fonction de leur sensibilité du point de vue de l'environnement.

Araignée sur orchidéeMuscari en grappeSauge

Photos prises autour de Fontenay Saint Père


aucune étude n'a été réalisée !

Pour les technocrates rédacteurs du dossier, aucun des six secteurs étudiés ne contenait de station de captage d'eau "potable" directement dans son périmètre !
Et pourtant, dans la "zone spéciale", les deux nappes phréatiques qui alimentent les bassins versant (côté Brueil-Sailly, d'une part et côté Fontenay-Guitrancourt, d'autre part) et qui se situent respectivement dans les formations de recouvrement (donc qui seront déblayées) et à l'interface entre les calcaires cimentiers et une couche argileuse (encore actuellement exploitée à Guitrancourt), seront inévitablement impactées par les bouleversements envisagés du paysage ! . Or, ce sont précisément ces nappes qui alimentent nos rivières, rus, puits, bassins, lavoirs et abreuvoirs. Et que dire des sources d'alimentation en eau potable de Guitrancourt et de Sailly dont les périmètres de protection se trouvent dans la zone ?

Lavoir rue de la Poste Lavoir rue de GrésLavoir rue de la Grande Vallée

Divers lavoirs de Fontenay St Père

Monuments Historiques:

Les contraintes imposées par les Monuments Historiques n'ont été retenues que dans la mesure où elles concernaient les grands sites classés: démarche arbitraire, orientée et discriminatoire.
Il appartenait pourtant au Ministère de l'Industrie de démontrer, par exemple, que les ondes de choc dues aux explosions des mines seraient sans effets sur nos "petits" sites classés (églises, clochers, prieuré de
Sailly...). Une telle étude est absente du dossier!

Eglise de Fontenay St PèreClocher de l'église de Fontenay St Père

Église de Fontenay St Père et son clocher

Nuisances:

Le bruit. Les études de nuisances se rapportant au bruit, pourtant inévitable dans un contexte d'exploitation à ciel ouvert, ont été limitées à un périmètre de 200 mètres au delà des limites de chaque secteur. On s'est contenté de s'assurer que ce "périmètre tampon" n'incluait pas d'habitations, sans s'inquiéter de ce qui existait 100 mètres plus loin. On sait pourtant que les bruits peuvent porter sur plusieurs kilomètres en fonction de la géomorphologie du terrain.
D'ailleurs le projet du Ministère montre pleinement son irresponsabilité dans ce domaine: il est écrit dans le dossier que
les nuisances relatives aux bruits "ne pourraient être réellement évaluées que lorsque les techniques d'exploitation seront exposées", c'est à dire après l'attribution de la zone spéciale à un industriel cimentier!
Aux habitants des communes concernées de s'accommoder donc, comme ils le pourront, des tirs intempestifs de mines, du ronronnement des scrapers et bulldozers et du bruit de fond permanent du concasseur !

La pollution due aux poussières calcaires est traitée selon le même schéma que les nuisances occasionnées par le bruit: on avisera lorsque les techniques d'exploitation seront connues.

Les vibrations dues aux tirs des mines.

 

Nous avons passé rapidement en revue les principales nuisances et contraintes auxquelles les populations de nos communes seront confrontées quotidiennement dans l'hypothèse où l'exploitation dans la zone spéciale deviendrait effective.
Mais qu'en est il des conséquences financières et psychologiques pour les habitants des quatre communes ?
Il est raisonnable de penser que dans ce contexte une partie des habitants de ces communes cherchera à déménager pour tenter de retrouver ailleurs la qualité du cadre de vie qu'elle aurait perdu dans notre secteur.

Le détournement de la vocation agricole d'une partie des terres impactées forcerait certains cultivateurs au départ.
Tous ces départs ne seront pas compensés, bien évidemment, par l'arrivée de nouveaux employés des carrières (et de la cimenterie), puisqu'il est prévu de mettre en oeuvre une exploitation hautement mécanisée qui n'est pas compatible avec une embauche significative. Et peut on croire qu'il y aura d'autres candidats pour venir habiter dans un environnement si perturbé ?
Il est donc évident qu'une baisse très importante du prix des terrains et de l'habitat serait alors une conséquence inévitable pour nos communes. Ce malheur ne relève pas d'un quelconque scénario catastrophe : les agences immobilières régionales prennent déjà en compte le risque d'installation de carrières dans le voisinage lors de l'évaluation des habitations de nos concitoyens qui ont décidé de vendre leur demeure.

 
 


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